Un jour avec, un jour sans.
Il suffit de regarder quelques secondes d’un game-play du jeu-vidéo éponyme pour constater la fidélité d’« Exit 8 », deuxième réalisation de Genki Kawamura, initialement producteur de Mamoru Hosoda et Makoto Shinkai. On y suit un jeune homme coincé dans un couloir du métro tokoïte dont le décor se reproduit infiniment à l’image des escaliers paradoxaux d’Escher. Pour s’en sortir, il devra résoudre des énigmes et repérer des anomalies, obéissant à des consignes précises jusqu’à ce que s’ouvre son échappatoire : la sortie 8. Mécanisé par ce récit d’un éternel recommencement sous l’allure d’un traquenard diabolique, « Exit 8 » joue habilement avec ses moyens, le film — comme le jeu — reposant essentiellement sur des énigmes visuelles, permettant au spectateur de participer directement à l’intrigue. Comme le personnage, nous aussi on se prend au jeu en cherchant les détails changeants, en examinant le décor et l’accumulation parfois délibérément tarabiscotée de bizarreries. On pense naturellement aux scènes du labyrinthe et des cascades hématiques de « Shining », mais aussi à « Smile 2 » pour les séquences tissées à la manière d’1, 2, 3 Soleil et le personnage de « l’homme » affichant au héros un sourire démoniaque. Naturellement, le film a des défauts, dont son climax forcé et sa tentative vaine de simuler le drame affectif d’un homme incertain à l’idée de devenir père. Mais tout en serpentant dans son décor unique, « Exit 8 » nous donne tout ce que l’on peut attendre d’un honnête film d’horreur : nous inviter à jouer, à décoder, à nous prendre dans la dextérité de ses analepses, réduisant son dispositif au fur-et-à-mesure de son avancement. Parfois, c’est le protagoniste qui a une longueur d’avance, et parfois c’est nous. Le film joue habilement sur cette question des points de vue, appuyant son ancrage vidéoludique à dessein purement cinématographique. Pour preuve, la réalisation calquant le langage des jeu-vidéos au service de la fiction. On commence en POV pendant le prologue pour ensuite dériver sur des plans séquences décomptant quasiment tous les types de travellings, ainsi que quelques plans fixes informatifs. On a presque l’impression de diriger le personnage avec une manette, celui-ci mettant autant de temps que nous à comprendre les enjeux qui le cernent. Ainsi « Exit 8 » joue avec ses propres règles, nous invitant à faire de même, offrant à son spectateur une proposition rafraichissante nous poussant à donner toute notre attention à un décor qui habituellement nous laisse indifférent.
Présenté en Séance de Minuit au Festival de Cannes 2025.
Sortie en France le 3 Septembre 2025.

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